Nature, sports et plein air

Les Cantons-de-l’Est à 4 km/h – le Circuit de l’abbaye

Circuit de l'abbaye

Publié le 20 sept. 2018

Avec ses paysages champêtres, ses villages bucoliques et son monastère comme point d’ancrage, le Circuit de l’abbaye, inauguré au printemps 2018, se fait déjà une bonne réputation comme itinéraire de marches pèlerines au Québec.

Par Simon Diotte

Plusieurs des adeptes de randonnée au long cours sont en fait des vétérans des chemins de Compostelle qui veulent transposer ce genre d’expérience sur les routes du Québec. Et c’est justement à ces marcheurs pèlerins que s’adresse le Circuit de l’abbaye.

Cette grande boucle de randonnée de 152 km, qui traverse huit noyaux villageois et qui louvoie entre monts et vallées, a comme point de départ et d’arrivée l’emblématique abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. Ce circuit voyage en milieu habité, parcourant au maximum les chemins secondaires peu fréquentés. Il nous dévoile, au rythme contemplatif de la marche, tout le secteur ouest du lac Memphrémagog.


Entre forêt et champs de pâturage

Pour comprendre l’engouement des marcheurs pour ce pèlerinage « made in Québec », je suis parti en explorer une partie, dans le secteur de Mansonville, hameau faisant partie du canton de Potton, en compagnie de mon ami Jean-Philippe. Nous avons stationné la voiture sur le chemin Miltimore, aux alentours du km 95, là où l’itinéraire effectue une boucle d’une quinzaine de kilomètres, nous permettant de retourner à la voiture, par la route 243, sans revenir sur nos pas.

Dans ce secteur, on plonge dans un univers champêtre à souhait, entre forêt et champs de pâturage. On progresse en majorité sur des chemins de gravelle, plus doux pour les articulations que le bitume. Un peu partout, des vues dégagées sur l’horizon s’offrent à nos yeux. J’ai particulièrement aimé le chemin Fitzsimmons, avec ses panoramas sur les monts Owl’s Head et Bear, et le chemin Ruiter Brook, qui longe les cascades du ruisseau Ruiter.

Le fait de marcher sur un chemin plutôt que dans une piste en forêt compte son lot d’avantages. Sans obstacle comme les racines et les roches, ce type de marche exige un minimum de concentration. Le cerveau peut alors errer ou entrer en mode introspectif, au choix.

« Une certaine forme de méditation est indissociable de ce genre de périple », m’explique Michel O’Neill, un vétéran de Compostelle, l’un des premiers randonneurs à avoir parcouru le Circuit de l’abbaye cet été, au rythme de 20 à 25 km par jour. Ce professeur à la retraite de l’Université Laval l’a fait en solo, comme la moitié des marcheurs pèlerins. « De cette façon, pas besoin de négocier ! », dit-il.


Mettre les lieux en valeur

Ce petit Compostelle québécois a été créé par Action Memphré-Ouest, un organisme de développement rural, dans le but de mettre en valeur le patrimoine, l’histoire, la culture et la nature des lieux. Sa directrice générale, Marie Beaupré, a mis à profit les réseaux sociaux en vue de connaître les attentes des marcheurs affectionnant ce genre de périple. « Je les ai questionnés sur les distances préférées entre chaque étape, les outils que l’on peut mettre à leur disposition, les services attendus, etc. », m’explique-t-elle.

Du coup, cette stratégie a mis cet itinéraire balisé sur la mappe. Déjà plus de 200 personnes, composées à 80 % de femmes, ont demandé la Trousse du marcheur, comprenant la carte et les bonnes adresses (hébergements, épiceries, restaurants, etc.) en chemin. « Ça peut paraître modeste comme engouement, mais faire le Circuit de l’abbaye exige un long engagement. Une fois en chemin, chaque randonneur apporte beaucoup dans la région, dynamisant certains secteurs qui tournent au ralenti », dit Marie Beaupré.

Le sentiment d’être bienvenu

En plus de la qualité des paysages, ce qui m’a impressionné, c’est l’accueil des gens. Tous les résidants que nous avons croisés nous ont salués, bien avant que nous prenions la peine de le faire. Tirent-ils un sentiment de fierté de voir l’intérêt que nous portons à leur coin de pays? Sans aucun doute. Action Memphré-Ouest veut d’ailleurs mettre en place pour 2019 un programme des Amis du Circuit de l’abbaye, où résidants et commerçants pourront, sur une base volontaire, offrir des services aux randonneurs, comme de l’accès à une aire de repos située sur leur terrain.

Après quatre heures de marche, incluant une pause lunch au bord d’un ruisseau, nous avons retrouvé, avec un brin de déception, notre voiture qui nous attendait. Complètement zen, j’étais prêt à poursuivre mon introspection jour après jour, d’autant plus que les prochains kilomètres s’annonçaient spectaculaires (et ils le sont, car je les ai parcourus en voiture). Bien que trop brève, cette seule et unique journée m’a fait un grand bien.

J’envie maintenant les chanceux qui possèdent la semaine de liberté pour parcourir ce circuit en entier. Buen camino! ( « bon chemin », en espagnol), comme on dit sur les chemins de Compostelle!

Simon Diotte

Journaliste indépendant et rédacteur en chef du magazine Géo Plein Air, Simon Diotte est passionné de nature et de plein air. Ses sports de prédilection : le canot, le kayak, la randonnée pédestre et le ski de fond. S’il adore les défis sportifs, il aime aussi profiter des grands espaces en famille avec ses deux filles.
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